Amour Miséricordieux de Sainte Thérèse de Lisieux

Amour Miséricordieux de Sainte Thérèse de Lisieux

Tous les passages ci—dessous sont tirés du livre de Patrick Ahern,  » Maurice & Thérèse – L’histoire d’un Amour « , publié pour la première fois en 1998.

À ce moment de sa vie, Thérèse était arrivée à sa propre conviction profonde que « Dieu n’est rien d’autre que la Miséricorde et l’Amour », et c’est devenu le fondement de sa Petite Voie, sa définition de Dieu. Dans l’Ancien Testament, Il est YAHVÉ, ce qui signifie « Je suis qui je suis. » Dans le Nouveau Testament, Jean l’Évangéliste déclare avec audace :  » Dieu est Amour. » Thérèse a nuancé sa déclaration en disant qu’Il est un Amour Miséricordieux. C’était son intuition la plus profonde : que la nature même de l’Amour de Dieu est d’être miséricordieux. La chose la plus éloignée de Lui est le désir de punir quiconque, de causer de la souffrance. Thérèse a dit un jour que lorsque nous souffrons, Il protège Ses yeux pour ne pas regarder. Il est tout tendresse et compassion.

De plus, pour Thérèse, c’était la nature de l’Amour de Dieu que Sa Miséricorde ne pouvait s’acheter. Il doit le donner librement. Tout amour est en fait donné librement s’il est vraiment amour. Dieu nous aime avec une liberté souveraine, par pure bienveillance. Il nous aime pour notre bien, et Il veut que nous L’aimions pour son bien, dans une relation pure et dépourvue de calcul. Thérèse a exploré cette vérité à des profondeurs extraordinaires. Elle savait avec certitude qu’aucune quantité de bonnes œuvres, aussi héroïques soient-elles, ne pourrait jamais acheter l’amour de Dieu, parce qu’Il veut et doit le donner librement. Elle a même dit que nos bonnes œuvres sont toutes tachées et nous déplaisent à Lui si nous comptons sur elles. Il ne nous aime pas parce que nous méritons d’être aimés mais parce que nous avons besoin d’être aimés. La comparaison la plus proche en termes humains est l’amour de la mère et du père pour leur nouveau-né. Le bébé n’a rien fait pour mériter son amour. Ses besoins sont tout ce qu’il a à leur donner. Il a fait souffrir sa mère en naissant, il pleure au milieu de la nuit et ne donne pas fin au travail et aux inconvénients à ses parents, les privant de leur indépendance et les transformant en esclaves. Mais ce sont des esclaves volontaires, heureux d’être à son écoute. Un bon père ou une bonne mère dira de l’enfant dans le berceau: « Il tire juste l’amour de mon cœur! »

Thérèse a compris que c’est ainsi que Dieu nous aime. Nous tirons l’amour de Son Cœur. Il se penche bas sur notre faiblesse avec un amour plein de tendresse, comme les parents se penchent sur leur enfant dans le berceau. Il ne nous déteste pas pour nos péchés. Ce sont les péchés qu’Il déteste pour le mal qu’ils font à nous et aux autres. Ils défigurent la beauté en nous, et Il aspire à les détruire dans le feu de la miséricorde qui brûle dans Son Cœur. Thérèse en était sûre. Elle le savait par une intuition qui ne laissait aucune place au doute. D’un seul coup, elle brisa les chaînes du jansénisme. Le sien était l’amour qui chasse la peur.  » Comment puis-je craindre un Dieu, demandait-elle sans cesse, Qui n’est rien d’autre que la Miséricorde et l’Amour ? » Le seul « paiement » que Dieu nous demande est que nous recherchions son amour miséricordieux avec confiance.  » Confiance, rien que la confiance  » était son cri de bataille — la confiance, rien que la confiance, nous conduisant à l’amour.

En enlevant le stress des bonnes œuvres et en le déplaçant vers la confiance dans l’amour de Dieu, Thérèse n’a pas nié la nécessité de nos bonnes œuvres. Ils restent absolument nécessaires, mais pas comme monnaie d’échange pour acheter le salut. Ils sont nécessaires parce qu’ils sont l’expression de notre amour pour Dieu et en découlent inévitablement. Ils nous rendent beaux aux yeux de Dieu. Cependant, lorsque nous ne les accomplissons pas — et il y aura souvent des échecs, car nous sommes faibles et notre nature est faussée – notre réaction ne doit pas être une crainte impérieuse du châtiment de Dieu, mais une confiance qui nous conduit à dépendre de Sa miséricorde et nous relance dans la bonne vie que nous désirons.

C’est la  » théologie  » de Thérèse, qu’elle avait du mal à apprendre pour Maurice. Le fondement sur lequel le Petit Chemin est construit est l’amour miséricordieux de Dieu. Ce n’est que lorsqu’elle fut convaincue de Sa miséricorde illimitée qu’elle put marcher sur cette joyeuse « Voie de la Confiance et de l’Amour. » C’est ce qui libérerait Maurice de la culpabilité qui le tourmentait et cela ferait de lui le missionnaire qu’il doit devenir, un prédicateur de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu à ceux qui n’en ont jamais entendu parler.

Dans cette lettre, Thérèse s’est souciée de renforcer le moral de Maurice, soulignant tout le bien qui était en lui. N’avait-il pas, demanda-t-elle, tout abandonné pour suivre Jésus, et à l’âge de dix-huit ans, alors que la vie s’annonçait avec tant de promesses ? Elle se souvenait de ses dix-septième et dix-huitième années, quand, émerveillée, elle lisait les œuvres mystiques de Saint Jean de la Croix et y trouvait la confirmation de ses propres idées. Ce furent des années de croissance prodigieuse pour elle. Maintenant, Maurice doit grandir.

Elle était d’accord avec son directeur que Dieu l’appelait à être un saint et qu’il ne pouvait pas être un par deux. Dès le début, elle a dit: « J’ai senti que vous deviez avoir une âme pleine d’énergie, et c’était la raison pour laquelle j’étais heureuse de devenir votre sœur. » Les mots ont dû le faire briller d’orgueil. Elle applaudit son espoir de martyre, sans jamais douter de sa sincérité. Elle le contrastait avec le jeune homme de l’Évangile qui, contrairement à Maurice, comptait le coût de la condition de disciple. Il ne compterait pas le coût. Pourtant, dans toutes ses lettres qu’elle lui adressa, elle ne plaça jamais sur ses épaules des fardeaux qu’il ne pourrait pas supporter. Si ses attentes étaient élevées, elles n’étaient pas plus élevées que les siennes. Tout ce qu’elle exigeait vraiment, c’était qu’il grandisse dans sa confiance en Dieu.

Quant à ses péchés, ils devaient être oubliés, sauf pour l’humilité qu’ils pouvaient lui enseigner. Elle a parlé de ses propres péchés. « Le souvenir de mes fautes m’humilie et m’incite à ne jamais compter sur ma propre force, qui n’est rien d’autre que de la faiblesse, mais ce souvenir me parle encore plus de miséricorde et d’amour. . . . Mon frère, tu peux chanter comme moi les miséricordes du Seigneur. » Comme moi. Elle ne s’est jamais tenue au-dessus de lui, ne lui a jamais fait de conférences. Il est caractéristique de Thérèse de se considérer pécheresse, non pas par fausse humilité, mais simplement parce qu’elle reconnaissait le fait qu’elle en était une. Si ses péchés n’étaient pas graves, elle comprenait que cela était dû à la miséricorde de Dieu, pas à sa propre vertu. C’est sa miséricorde qui l’a épargnée de commettre de graves péchés. Pour Thérèse, les péchés pardonnés et les péchés évités semblaient pratiquement les mêmes. « Là, sauf pour la grâce de Dieu, je vais », disent souvent les gens. Thérèse le pensait.

À la fin de sa lettre, elle s’interroge sur sa clarté :  » Je viens de relire ce bref mot que je vous ai écrit et je me demande si vous allez me comprendre, parce que je me suis très mal expliqué. Forgive Pardonne-moi, cher petit frère, je ne sais pas ce qui m’arrive aujourd’hui, car je ne dis pas ce que j’aimerais vraiment dire. » Elle était dans les trois mois suivant sa mort et s’affaiblissait de jour en jour. C’est au cours de ce mois qu’elle avait également rédigé le manuscrit C sous la direction de Mère Gonzague, la dernière section de son autobiographie. C’est une œuvre d’une importance vitale dans laquelle elle a consigné l’expérience de son épreuve de foi. Thérèse peut être excusée si elle n’a pas eu ses pensées en ordre aussi bien qu’elle pourrait le souhaiter. Mais en lisant sa lettre toutes ces années plus tard, nous pouvons à juste titre sentir qu’elles étaient en meilleur état qu’elle ne le pensait.

Elle conclut avec l’assurance de prier pour les parents de Maurice – ignorant encore que son père était vivant à Paris.

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Le paragraphe (ci-dessous) est vintage Thérèse. Cela va au cœur de sa compréhension de Dieu et doit être classé comme l’une de ses plus belles déclarations. Elle croyait farouchement à chaque mot qu’elle disait dans ce passage, à propos de Dieu et des péchés commis par la fragilité humaine. Ses paroles mettent l’enseignement de l’Église sur la Communion des Saints sous un jour clair et réaliste.

« Je dois te dire, petit frère, que nous ne comprenons pas le Ciel de la même manière. Vous pensez qu’une fois que j’aurai participé à la justice et à la sainteté de Dieu, je ne pourrai plus excuser vos fautes comme je l’ai fait lorsque j’étais sur terre. Oublies-tu alors que je participerai aussi à l’infinie miséricorde du Seigneur ? Je crois que les Bienheureux du Ciel ont une grande compassion pour nos misères. Ils se souviennent que lorsqu’ils étaient faibles et mortels comme nous, ils ont commis eux-mêmes les mêmes fautes et ont traversé les mêmes luttes, et leur tendresse fraternelle devient encore plus grande qu’elle ne l’a jamais été sur terre. C’est à cause de cela qu’ils n’arrêtent jamais de veiller sur nous et de prier pour nous. »

Maurice ne doit plus jamais s’inquiéter des péchés qui ont assombri son passé, ni des fautes dans lesquelles il tomberait à l’avenir par faiblesse. Quelle étrange idée qu’il doit avoir du ciel, écrit-elle, s’il sent que ceux qui sont là ne regardent pas avec pitié l’humanité défaillante de ceux qui viennent après eux. N’ont-ils pas eux-mêmes commis les mêmes péchés au cours de leur vie? Et quelle idée tordue de Dieu, d’imaginer que Celui qui est Amour Miséricordieux puisse jamais se détourner de nous à cause de nos faiblesses et de nos échecs. Il est impossible pour Dieu de haïr qui que ce soit parce que Dieu est Amour, et l’Amour qui est Son Être même est exactement le même que Sa miséricorde. Pour Thérèse, il y a un signe égal entre l’amour et la miséricorde en Dieu. Il se détourne du péché mais jamais des pécheurs. Le péché afflige Dieu, empêchant Son amour de pénétrer dans le cœur des pécheurs. Il était clair pour Thérèse que Dieu non seulement veut notre amour, mais en a besoin. La raison pour laquelle Il nous a créés était que nous devrions l’aimer. Nous sommes les seuls dans l’univers à pouvoir L’aimer, car nous sommes les seuls à être libres. L’amour ne peut en aucun cas être forcé de nous quitter parce que s’il pouvait l’être, ce ne serait pas l’amour. La marque de tout amour est qu’il est libre, donné de bon gré, avec joie, avec joie et aussi joyeusement reçu.

Sa volonté et son testament à Maurice étaient la vérité simple et sublime que Dieu n’est rien d’autre que la miséricorde et l’amour, et avec son dernier souffle, elle le convaincrait que c’était la seule chose qu’il avait besoin de savoir. Thérèse savait qu’une fois au ciel, elle serait en mesure d’excuser ses fautes encore plus facilement qu’elle ne le pouvait alors qu’elle écrivait cette lettre, parce qu’elle partagerait l’infinie miséricorde du Seigneur — elle soulignait les mots pour enlever tout doute qu’il pourrait avoir.

Cette dernière de ses lettres était l’expression de la gentillesse qui remplissait son cœur pour quelqu’un qu’elle aimait en tant que frère. Mais en plus de son amour pour Maurice, cela reflétait sa vision du monde. Thérèse a illuminé le monde au-delà de la tombe, nous permettant de l’envisager d’une manière nouvelle, comme le voyaient les yeux de sa foi. Le Ciel, savait-elle, est rempli de joie et de compassion et bouillonne d’activité au nom de ceux qui sont laissés pour marcher sur le chemin difficile de leur vie terrestre. Ceux qui sont au ciel ont été purgés de tout égoïsme, et leur amour est devenu l’amour de Dieu Lui-même. Ils veillent sur nous avec soin et prient pour que nous arrivions à une bonne fin. Dans la vision à long terme de la foi chrétienne, l’autre monde est plus réel que celui-ci, car il ne disparaît jamais.

L’obscurité par laquelle elle passait était une torture, mais elle n’occultait jamais sa vision nocturne de la gloire de l’amour de Dieu. Elle ne pouvait rien ressentir, aucune consolation de sa foi. Sa confiance en Dieu était aveugle. Mais elle s’est renforcée au fur et à mesure que son épreuve de foi se poursuivait. « Ah, qu’il est bon de se laisser aller dans Ses bras, sans peurs ni désirs! » Thérèse pouvait s’entendre sans réconfort religieux. Elle ne pouvait pas se passer de la foi religieuse.

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