Comptabilité interentreprises, comment ça marche ?

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La comptabilité interentreprises est un domaine complexe pour toutes les entreprises impliquées. Mais qu’est-ce que cela implique exactement? Quelles sont les différentes étapes à suivre et les normes à respecter ? Comment optimiser ces processus ?

La comptabilité intersociétés est définie comme l’ensemble des opérations financières et commerciales effectuées et enregistrées entre les différentes entités d’un même groupe ou d’une même société, ainsi que l' » élimination  » de ces flux à la clôture de l’exercice.

La comptabilité intersociétés est pertinente pour toutes les entreprises ayant des organes externes ou des filiales à l’étranger. Dans la plupart des juridictions, l’établissement de comptes consolidés pour les flux intersociétés est une exigence pour les entreprises d’une certaine taille. Cela implique l’examen des transactions qui sont à la fois réciproques (transactions interentreprises ou « intercos », comme on les appelle classiquement) et non réciproques.

Cet article aborde les différentes étapes de la comptabilité intersociétés, depuis la consolidation comptable et les types d’opérations habituellement traitées, jusqu’aux différentes divergences pouvant survenir lors du rapprochement des comptes.

Qu’est-ce que la consolidation comptable?

Au sein d’un groupe ou d’une société, les différentes sociétés et filiales impliquées ont tendance à échanger des biens et des services entre elles. Ces flux sont communément appelés transactions intragroupe. Dans le cadre de la comptabilité intersociétés, la consolidation est définie comme le mécanisme par lequel un groupe annule les transactions effectuées entre ses différentes entités. L’objectif est de combiner les comptes de la société mère et de ses filiales, permettant la présentation d’un bilan et d’un compte de résultat précis reflétant la situation financière du groupe dans son ensemble.

Plus le groupe est grand, plus son processus de consolidation comptable devient complexe. Des écarts apparaissent notamment pendant la période de rapprochement des comptes

Les raisons de ces écarts comptables sont, entre autres:

  • Des délais de fermeture de plus en plus courts, qui peuvent varier d’une filiale à l’autre.
  • La nécessité d’identifier les transactions non réciproques entre la société mère et ses filiales, un processus parfois fastidieux.
  • Les filiales situées à l’étranger enregistrent leurs transactions dans leur monnaie locale, ce qui peut compliquer le processus de rapprochement.

Face à ces obstacles, les directeurs financiers, les trésoriers et autres professionnels de la comptabilité doivent trouver des solutions pour simplifier et rationaliser les efforts de consolidation. Concrètement, cela peut se traduire par une normalisation des procédures comptables au sein des différentes filiales du groupe ou de la société et une transformation numérique des fonctions financières et comptables du groupe.

Mais quels types de transactions intersociétés sont concernés ? Quelle est la meilleure procédure à suivre pour assurer une consolidation comptable fluide et efficace?

Quelles opérations sont impliquées dans la consolidation comptable?

Il existe deux types de transactions intragroupe:

  • Transactions réciproques (transactions interentreprises ou intercos)
    Un montant correspondant existe dans les comptes d’une autre société du groupe.
  • Transactions non réciproques
    Un montant correspondant n’est pas identifiable dans les comptes d’une autre société du groupe, mais la transaction doit encore être éliminée.

Les transactions intragroupe les plus fréquemment observées sont les suivantes:

RÉCIPROQUE NON RÉCIPROQUE
Achats et ventes de biens ou de services. Distribution de dividendes.
Financement réciproque. Cessions d’immobilisations.
Redevances de brevets. Apports d’immobilisations.

L’élimination des transactions réciproques (ou intercos) est théoriquement simple car le montant identifié comme une créance dans les comptes d’une société du groupe est traité comme une dette dans les comptes d’une autre. Le compte de résultat consolidé ne change pas après le processus d’élimination.

L’élimination des transactions non réciproques est distincte car un montant correspondant n’est pas identifiable dans les comptes d’une autre société du groupe. Le compte de résultat consolidé est donc modifié après le processus d’élimination.

Mais comment identifier les transactions concernées ? Où commence le processus de consolidation ? Quelles méthodes peuvent être utilisées pour s’assurer que les relevés de compte sont fiables?

Quelles sont les différentes étapes de la consolidation ?

La consolidation comptable commence par la cartographie d’un « périmètre de consolidation ». Il s’agit des entités d’un groupe à inclure lors de l’établissement des états financiers consolidés du groupe. Sa gamme est déterminée par le contrôle de la société mère sur ses filiales. Une fois le périmètre défini, un inventaire des opérations réciproques à éliminer doit ensuite être établi et, enfin, les comptes doivent être rapprochés afin de vérifier la véracité et la conformité de toutes les opérations effectuées.

Cartographie du périmètre de consolidation

L’inclusion des filiales dans le périmètre de consolidation dépend du niveau de contrôle de la société mère sur l’entité externe. Si elle conserve plus de 50% des droits de vote d’une société, l’inclusion de cette société dans le périmètre de consolidation est indispensable. En effet, ces droits de vote attribuent à la société mère la responsabilité globale des politiques financières et opérationnelles de la filiale.

Etablissement d’un inventaire des transactions intra-groupe

L’inventaire – la deuxième phase de consolidation comptable – consiste à collecter toutes les données sur les transactions intra-groupe réciproques et non réciproques. C’est la première étape pour les annuler. À ce stade, il est également essentiel d’établir le seuil d’importance relative, en dessous duquel toute erreur de déclaration ne compromet pas la fiabilité des états financiers correspondants.

Le seuil d’importance relative est régi par un ensemble de normes professionnelles et une série de bonnes pratiques. Bien qu’il puisse varier d’une industrie à l’autre, les seuils généralement considérés comme importants sont les suivants:

  • Entre 1% et 3% pour le chiffre d’affaires.
  • Entre 1% et 5% pour les capitaux propres.
  • Entre 5% et 10% pour le revenu net courant.

Le rapprochement des comptes

La consolidation comptable nécessite également la réalisation d’un ensemble de rapports. Celui-ci répertorie les différentes opérations réalisées par les sociétés du groupe, permettant d’effectuer une analyse comparative et de rapprocher les comptes. Ce dernier se réfère à une comparaison entre deux comptes réciproques, ou à une évaluation des flux non réciproques, dans le but ultime de vérifier la véracité et la conformité des montants identifiés.

Réconcilier les flux intersociétés peut être fastidieux et prendre beaucoup de temps. Pour ce faire, les professionnels de la comptabilité de chacune des différentes filiales du groupe doivent travailler en étroite collaboration avec leurs homologues, conformément à une série de processus prédéfinis à l’échelle du groupe. Au cours de la phase de réconciliation, il est important d’établir:

  • Méthodes précises d’échange de données comptables pertinentes.
  • Un calendrier strict pour l’échange de données comptables pertinentes.
  • Procédures claires pour identifier et résoudre les divergences.

Les processus de centralisation sont plus simples dans les petits groupes et deviennent infiniment plus complexes lorsqu’il y a un niveau élevé de transactions intra-groupe. En ce qui concerne ce dernier, une gestion rigoureuse dans chaque filiale est requise.

Cependant, sans procédures de coopération strictes, des écarts comptables risquent de survenir. Alors, comment cela peut-il être résolu? En effet, comment les éviter complètement et comment mieux rationaliser le processus comptable ?

Pourquoi les écarts comptables surviennent et comment y remédier

Pour remédier aux écarts comptables intersociétés, le processus de rapprochement doit être optimisé, des solutions de couverture de change doivent être envisagées et une approche plus unifiée de la gestion doit être adoptée au niveau du groupe.

Les écarts les plus courants dans la comptabilité intersociétés sont souvent dus aux facteurs suivants:

  • Dates différentes pour l’enregistrement des données comptables pertinentes d’une filiale à l’autre.
  • Délais de clôture différents.
  • Transactions interentreprises en devises, avec un taux de change qui fluctue entre la date de la transaction et la date du rapprochement.

Parmi les façons dont un groupe peut éliminer les divergences qui en résultent, citons la configuration:

  • Gestion comptable descendante, imposant des délais stricts pour le processus de rapprochement des comptes dans toutes les filiales.
  • Modules de rapprochement interentreprises en complément du logiciel de consolidation existant. Ceux-ci peuvent automatiser le processus de rapprochement dans l’ensemble du groupe, en utilisant une base de données commune partagée par toutes les filiales.
  • Plateformes ou services permettant de fixer un taux de change fixe par devise, particulièrement utiles pour les transactions intragroupe libellées en devises étrangères.

Les logiciels de consolidation sont extrêmement répandus de nos jours, mais les modules supplémentaires qui automatisent et centralisent la réconciliation ne sont pas aussi couramment utilisés, malgré leurs avantages évidents. Il en va de même des solutions de couverture de change, telles que les contrats de change à terme, qui permettent de fixer un taux de change fixe pour une période de temps spécifique, facilitant ainsi le rapprochement des comptes libellés en devises étrangères.

Dans un domaine aussi complexe que la comptabilité interentreprises, l’optimisation des processus et la transformation numérique sont indispensables pour répondre aux exigences réglementaires imposées aux entreprises tout en améliorant leur efficacité opérationnelle.

La consolidation comptable est l’un des principaux défis de la comptabilité intersociétés. Bien que souvent complexe, il est obligatoire pour les groupes ou les sociétés d’une certaine taille, et il nécessite une attention aux détails et une optimisation pour fournir une image précise de la situation financière d’un groupe.

Plusieurs phases sont impliquées dans le processus de consolidation, de la cartographie du périmètre de consolidation à l’établissement d’un inventaire des transactions intra-groupe et au rapprochement des comptes du groupe. Comme pour toute période de clôture, des divergences peuvent survenir, mais il existe des solutions numériques qui facilitent leur traitement et leur traitement.

En fin de compte, les processus comptables utilisés par un groupe dépendent de plusieurs facteurs, de la situation géographique du groupe au nombre d’entreprises impliquées. Pour les groupes ayant des filiales dont la devise comptable diffère de la devise de consolidation, les solutions de couverture méritent certainement d’être explorées, car elles permettent de traiter les transactions intra-groupe de manière plus simple et contribuent à l’optimisation des flux de trésorerie multidevises.

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